Cérémonie des JO 2024 : Une France Vertueuse en Trompe-l’Œil
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Reprenant et complétant les mots de @Ruff_45000, un ressenti sur cette cérémonie d’ouverture des JO.
La cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024, sous couvert d’une apparence d’inclusivité, de progressisme et de tolérance, masque une réalité française bien plus terne. Alors que des leaders politiques Kanak sont en isolement après leur déportation en métropole coloniale, et que des femmes voilées, sportives françaises, n’ont pas le droit de concourir, la France, deuxième plus grand vendeur d’armes au monde, se veut, comme à son habitude, plus blanche que ce qu’elle ne l’est.
Si la qualité artistique est incontestable, et qu’il convient de remercier le directeur artistique Thomas Jolly pour son travail ainsi que ses prises de position, il est crucial de se questionner sur les conséquences politiques de cette cérémonie. En somme, à qui profite le crime ?
Certes, il était réjouissant de voir la fascosphère française pleurer hier soir, mais cela ne doit pas nous empêcher de remettre en contexte la cérémonie à laquelle nous venons d’assister, et de réfléchir à son véritable coût. En chassant les plus défavorisés, en déportant les sans-abri, avec des billets inaccessibles pour l’écrasante majorité des Français, en délogeant des étudiants, tout en accueillant, avec leur sourire narquois coutumier, des dirigeants d’extrême droite, dont un président génocidaire, dans la résidence du président-monarque de cette France qui reste, par association, mais aussi activement, impérialiste et coloniale.
Célébrer les révolutions tout en ignorant la répression violente des militants est un niveau de démagogie qu’on devrait enseigner dans leurs chères grandes écoles. On met en avant des drag queens, Rim’K, Aya Nakamura, une Guadeloupéenne noire pour la Marseillaise, Marie-Antoinette décapitée, Gisèle Halimi et Louise Michel célébrées, alors qu’elles seraient aujourd’hui taxées d’islamo-gauchisme et fichées S. Louise Michel, la grande révolutionnaire qui a littéralement fusillé des militaires et des droitards sur les barricades de la Commune, célébrée en grande pompe sous la présidence de Macron, qui l’aurait cru ?
Cette cérémonie prétend s’inscrire dans une culture révolutionnaire et progressiste, mais il n’en est rien. À l’heure où des militants écologistes sont fichés S, où être un peu trop barbu équivaut à être soupçonné d’allégeance à Al-Qaïda, et où les déclarations transphobes de Macron ajoutent à l’hypocrisie ambiante, cet éloge à la révolution intervient à un moment où le système pseudo-démocratique de la Cinquième République démontre, si cela devait encore être prouvé, qu’il peut être des plus autoritaires.
Si on sort de cette soirée autant heureux et comblé que le haute bourgeoisie française et internationale, il me semble qu’on ferait erreur. En France, des hommes noirs et arabes sont tués par la police en toute impunité. Une artiste noire dansant aux côtés de la garde républicaine ne change rien à cela, bien au contraire. Ce que certains osent encore appeler le centre de ce prisme politique français, applique et défend une partie du programme du RN. Le parti de Le Pen, devenu le premier parti politique, avec des lois discriminatoires contre les musulmans et les exilés, allant jusqu’à la déchéance de nationalité. Le RN, premier parti politique français, que l’on pouvait totalement imaginer majoritaire à l’Assemblée il y a deux semaines, et dont plus de 54 % des électeurs se déclarent ouvertement racistes.
L’argent dépensé pour ces JO aurait pu être utilisé pour fournir de l’eau potable à Mayotte et en Guadeloupe. La Kanaky est toujours sous couvre-feu, et Tahiti voit une partie de son récif corallien détruite pour une épreuve de surf de 48 heures, une décision prise depuis la belle et grande, l’impériale et coloniale, ville de Paris. Ne laissons pas ce spectacle nous éblouir et nous faire oublier ces réalités. La réalité de nos frères kanaks, congolais, soudanais, haïtiens, palestiniens, et de tous nos frères opprimés ici-bas, avec qui aujourd’hui, peut-être encore plus qu’hier, il est important de rester solidaires.
